Les représentants du peuple en mission dans le département de la Mayenne (mars 1793 - octobre 1795)

Godineau, Dominique

Master : Sciences humaines et sociales : Histoire : Rennes 2

2018

1 vol. (308 p.)

Archives départementales (Mayenne) - mc 606

Bibliothèque François-Lebrun (Rennes 2) - MH 3902

Michel Vovelle s’est demandé à quel point la France avait été « remuée en profondeur » par les représentants du peuple en mission. C’est la question que nous posons dans ce mémoire pour le département de la Mayenne, où plusieurs missionnaires de la République se succèdent entre la naissance de l’institution, en mars 1793 et la séparation de la Convention en octobre 1795. Comment ces législateurs ont-ils fait face à la situation militaire dramatique du département durant toute la période ? Ce territoire est en effet agité par les levées en masse opérées – avec leur concours – en 1793, il est traversé à trois reprises par les rebelles vendéens lors de la virée de Galerne et il devient ensuite le théâtre de la chouannerie. Dans l’historiographie hostile à la Révolution française, les représentants du peuple en mission ont été représentés comme des « proconsuls » tout-puissants, agents de la Terreur dans les départements. C’est ainsi que les érudits du XIXe siècle les ont aussi présentés en Mayenne, où plusieurs tribunaux d’exception, créés par leurs soins, sont actifs durant l’an II. Il s’agit dans ce mémoire d’évaluer l’action de ces députés dans la Terreur. Mais les représentants du peuple, intermédiaires entre le gouvernement central et le pouvoir local, sont également des agents de promotion de la Révolution en Mayenne. Ces députés, Esnüe-Lavallée, Laignelot ou Boursault, se manifestent en fait dans tous les secteurs de la vie sociale, politique et économique du département. Les représentants en mission apparaissent enfin comme des acteurs majeurs du virage thermidorien, l’époque où l’image du « proconsul » se construit et où des missionnaires comme Esnüe-Lavallée sont mis en accusation.